Première Trans Frontaliere

D'abord mille excuses pour le dernier message truffé de fautes; envoyé sans relire, puis pas moyen de se reconnecter pour corriger ! Séjour un peu plus court que d'habitude pour cause de contraintes administratives aussi diverses que pénibles… A mon retour au campement le 07 avril, j'apprends que les bœufs sont entrés en masse dans le nord est du parc. Impossible de lancer un refoulement en avion, un épais harmattan règne depuis plusieurs jours et rend le vol impossible.  Le lendemain donc avec une poignée de gardes villageois nous nous rendons sur place et remontons les traces fraîches des troupeaux. Rapidement nous arrivons dans l'aire de pâturage où des centaines d'arbres sont émondés, les feuilles fraîches servant à nourrir les bovins. Il nous faudra toute la matinée pour refouler les nombreux troupeaux qui s'étaient infiltrés au plus profond du parc, au prix de quelques bœufs abattus qui dissuaderont nous l'espérons, les propriétaires de revenir. Les dégâts sont conséquents et nous trouvons également plusieurs preuves d'animaux braconnés, les bergers joignant l'utile à… l'utile. Nous parvenons à appréhender l'un des bergers, en possession d'une bouteille de pesticide utilisé pour empoisonner l'eau et de cartouches. Nous apprendrons le lendemain que le guide de chasse voisin avait refoulé ces mêmes bœufs quelques jours plus tôt… vers nous. Un survol deux jours plus tard me rassure sur l'efficacité du refoulement et je vais faciliter l'accès à ce secteur en ouvrant l'ancienne piste de Djibao qui y mène, d'autant que cette zone est parcourue d'un petit cours d'eau riche en eaux résiduelles à cette saison. Les pluies s'annoncent et les premiers orages souvent très violents m'inquiètent. Je profite donc de la faible activité pour élaguer les arbres du camp, dont des branches importantes blessées par l'incendie de 2005 menacent la sécurité des clients et les toits des cases. Quant à mon abri pour l'ULM, il n'est pas prêt faute de matériels disponibles à Garoua… Le 13 est un grand jour ; nous parvenons enfin à établir le contact avec l'équipe tchadienne de Dari, avec laquelle nous comptons collaborer dans le cadre de la création du parc transfrontalier de Boubandjida Sena Oura. Venus à pieds depuis Yapala, nous les récupérons à la confluence des mayos Séna Oura et Sénabou. L'ambiance est chaleureuse, et nous passons une journée ensemble au campement histoire de faire connaissance, d'évoquer nos problèmes etc. Les tchadiens sont particulièrement motivés, et lors d'un circuit vision dans le parc au cours duquel nous avons la chance de voir beaucoup d'animaux, dont les éléphants, les élands, les lions et curieusement un crocodile loin de tout point d'eau, nos nouveaux amis font plaisir à voir à s'extasier de cette faune qu'ils nous envient tant! J'espère que mon initiative permettra que nos gardes villageois comprennent mieux la chance qu'ils ont et dont manifestement ils n'ont guère conscience. Au retour rendez vous est pris pour une première patrouille conjointe, et l'émotion est forte au point que quelques larmes coulent du côté tchadien! Il faut dire que ce projet de création d'un parc côté tchadien est essentiellement né de la volonté d'un jeune villageois de Dari, qui après avoir visité Boubandjida en 1997, s'est mis en tête de se battre pour la création de ce parc. Bravo. Ce sont des hommes comme lui qui me remontent le moral et me donnent la force de continuer en pensant que tout n'est pas perdu…

Comments

[Dolmia]

C'est d'abord à Paul Bours que je voudrais adresser ces deux petits mots : 1) félicitations parce que c'est ma fois de rencontrer un professionnel de la chasse aussi conscient et aussi motivé pour la conservation et 2) courage pour tous les risques qu'il prend pour cette cause, dans ce coin "très chaud" de la terre.
Ensuite félicitations aux braves représentants de la communauté de Dari, pour avoir reussi ce contact permattant une avancée dans la feuille de route de Garoua. Courage à ces jeunes gens pour ce combat difficile qu'ils mènent pour ériger une aire protégée tout à fait méritoire dans leur terroir.
Allez de l'avant, nous sommes et nous serions toujours à vos côtés !

Dr Malachie N. Dolmia
Ingénieur des Eaux, Forêts et Chasses-25e Promtion ENSA (Dschang-Cameroun)
DEA Biologie de l'Evolution et Ecologie- Université Montpellier II-France
Docteur es Sciences de l'Environnement-ENGREF (Paris-France).