De retour a Garoua après une éprouvante période

De retour a Garoua après une éprouvante période de fête. Au moins cette période aura-t-elle été réussie : touristes et animaux étaient au rendez vous et si la saison entière connaissait pareille affluence, le pari ne serait pas loin d'être gagné ! Au moins cette belle affluence traduit-elle les progrès que nous avons réalisés et si le chemin est encore long, ce n'en est pas moins encourageant de savoir que la réputation de Boubandjida fait son petit bonhomme de chemin.

A présent nous voilà replongés dans un rythme un peu plus serein et mes chantiers étant moins pressants que l'année passée, je devrais pouvoir davantage me consacrer à la brousse qui est au final quand même ma vraie raison d'être ici ! On pourrait avoir tendance à l'oublier, entre casseroles et truelle !

L'ULM n'est toujours pas sur zone, voyage empêché par l'harmattan, cette brume sèche qui est quelquefois opaque au point d'empêcher le vol. Je pourrai faire cela un peu plus sereinement d'ici quelques jours j'espère. Pas d'écho de braconnage ces jours ci, notre présence de terrain calme sans doute un peu les ardeurs des riverains qui doivent exercer leur art un peu plus loin.  Pourtant ce ne sont pas les "gardes villageois" qui les dissuadent, occupés qu'ils sont à se promener avec nos clients qu'ils guident avec un enthousiasme proportionnel aux billets qu'ils enfournent avec gourmandise et que ne justifie hélas pas la qualité de leur prestation. Ce sera mon objectif cette année ; prendre la main sur l'accompagnement des clients dans le parc. Je considère en effet qu'il n'est pas normal que je fasse tant d'efforts pour développer le parc et faire venir des visiteurs, pour devoir m'en remettre au bon vouloir d'une bande d'ectoplasmes désoeuvrés, incompétents et sans autre motivation que l'extraction forcée d'une conséquente obole de la poche d'un client. J'ai des ambitions autres pour ce qui est du guidage et m'emploie déjà à assurer la relève…
En brousse, les brûlages sont a peu près terminés et dans ce paysage lunaire, calciné, l'éclosion d'une végétation neuve est d'un merveilleux contraste. Parmi les premières à paraître, les "fleurs de feu" dont la corolle jaune s'épanouit à même le sol couvert de cendre… La faune ne semble guère pâtir de ces étendues noires et seuls les girafes et les élands sont encore timides en ce début de saison : se nourrissant de feuillages, ils sont un peu pénalisés par les feux et reviendront vers nous un peu plus tard. Pour le reste beaucoup d'observations : éléphants et lions ont été vus à de nombreuses reprises, quant aux antilopes le plein est fait dès la piste d'accès au campement où l'on passe largement en revue toute la gamme des antilopes en l'espace d'une trentaine de kilomètres. Une sortie de nuit avec quelques clients a été l'occasion d'un appel au lion : à l'aide d'un "appeau" composé d'un grand cône de tôle j'imite le cri du lion, en différents endroits propices à sa présence. Lorsqu'un mâle l'entend, il répond, se sentant menacé sur son territoire, et son cri puissant et profond est très impressionnant. Ce soir là, après deux réponses trop lointaines, silence… et 20 minutes plus tard, un froissement de paille et deux gros yeux jaunes dans la nuit, le lion est là, à une trentaine de mètres. Les clients qui n'y croyaient plus … ou pas… se précipitent dans la voiture… Vision un peu trop fugace, mais la démonstration est faite, ça marche ! Ça fera j'espère un bon souvenir. La semaine prochaine, j'attaque les pistes du nord du parc, encore bien délaissées. Le décor y est pourtant très sympa grâce aux reliefs de deux collines et au Mayo Waïmba, cours d'eau permanent qui forme la frontière Est du parc. La niveleuse devrait suivre d'ici une dizaine de jours.  Maï qui a été aux fours et aux appros durant tout ces jours, a désormais sa boutique et je suis surpris de son succès !  Pour l'heure, retour aux tâches administratives. On apprend la nomination d'un nouveau directeur de la faune, d'un nouveau secrétaire général au Ministère de la faune… les requêtes introduites et qui nous semblaient en bonne voie vont certainement devoir être relancées une nouvelle fois !

Comments

[Raabe Fabienne]

Bonjour, je consulte régulièrement votre site après avoir vécu 8 années au Cameroun dont 4 vers Touboro, et le Carrefour, Mbaïmboum et avoir "fréquenté" régulièrement le campement entre 1991 et 1998...Nostalgie, j'aimerais y retourner avec les enfants(6 ans et 7 ans 1/2). Bonne chance et meilleurs voeux pour cette année 2008. Fabienne (et Andreas)