Bilan...
Ce coup ci ça y est, la saison et le
campement sont bouclés… Après la mésaventure du 20 mai, il n'est plus venu de
clients comme cela était à prévoir.
Alix est reparti à la fin du mois, après
avoir finalisé les banques de données surveillance et braconniers, qu'il reste
à tester grandeur nature. Nous avons fermé le campement très progressivement,
je suis peu pressé de quitter les lieux, trop heureux de profiter de la
brousse, magnifique à cette époque. D'autant qu'il pleut très peu, au grand dam
des cultivateurs qui voient leurs semis dépérir.
Nous avons achevé les derniers travaux,
et planté beaucoup de fleurs que j'espère retrouver resplendissantes à la fin
de la saison. Dommage pour les visiteurs qui ne voient pas le campement en
saison des pluies, lorsque tout est en fleur…
Les dernières réunions de sensibilisation
se sont tenues. Seul un village à manifesté une réelle indifférence voir de
l'hostilité face à la démarche ; comme par hasard, il s'agit de l'un des pires
repaires de voyous du secteur et l'attitude du chef de village et du Dogari y
sont pour beaucoup…Pour le reste, c'est une franche réussite.
La surveillance du parc est mise en place.
Nous sommes trop pauvres en moyens pour pouvoir faire ce qu'il faudrait, mais
au moins y aura-t-il une surveillance quasi permanente cette intersaison.
Pour l'heure les braconniers sont encore
discrets; ils savent que nous sommes encore là et beaucoup sont également
accaparés par les travaux des champs. Nos sorties nous laissent quand même découvrir
de nombreux indices de leur présence dans des secteurs peu fréquentés, datant
de toute la saison d'activité, preuve du peu de risques encourus par les
contrevenants.
L'année passée à la même heure, les coups
de feu résonnaient dans tous les coins aux abords du campement. Cette année,
rien… Nous espérons que ça durera…
L'ULM est retourné à Garoua, je suis
soulagé de le voir à l'abri du risque des intempéries.
A présent c'est l'heure des bilans !
Sur le plan des réalisations, malgré la
somme de difficultés je m'estime plutôt satisfait. Le campement a été beaucoup
embelli au niveau des abords et de la décoration intérieure pour laquelle je
dois tout à ma compagne, Maïmounatou qui a fait preuve de beaucoup de goût et
su dénicher de jolis objets à travers le pays pour rehausser le standing de
l'endroit. La cuisine aussi a fait l'objet de nombreuses améliorations et Maï
s'y est beaucoup investi aussi. Elias, le cuisinier n'a pas démérité.
La construction du local chauffeur guides
est achevée, comme la boutique. Ils seront opérationnels la saison prochaine.
L'état du réseau de piste a été
considérablement amélioré, une nouvelle piste créée et une partie conséquente
de pistes inutilisées depuis des années a été rendue à la circulation. J'espère
retrouver ces pistes en bon état après la saison des pluies et compte porter
l'effort sur le réseau Nord l'année prochaine.
De l'avis unanime, la surveillance s'est
améliorée et le braconnage est moindre, au moins dans le noyau central du parc,
mais je suis loin d'être satisfait et très inquiet de ce qui va se passer en
saison humide, où le braconnage flambe habituellement. Malgré les progrès dans
l'esprit et la manière des personnels de surveillance, nous sommes à mon sens
très loin du compte. Le manque de personnel et de moyens est énorme et je ne
vois pas comment résoudre ce problème. L'affectation d'une dizaine de gardes
promise par l'administration ne me rassure guère : originaires du sud,
d'un niveau d'études supérieures, je les vois mal s'intégrer au fin fond de la brousse et être efficaces
localement.
Le programme de sensibilisation a été
très positif. Difficile d'apprécier les bénéfices de cette démarche, mais
l'implication du personnel et l'accueil des populations sont porteurs d'espoir
et bien plus gratifiants que l'indispensable répression. La réflexion est
lancée pour optimiser cette ouverture vers les villages.
La démarche initiée en direction des
"éco-volontaires" s'est avérée porteuse et nous tacherons de la
perpétuer.
La valorisation du site préhistorique de
Managna est lancée et devrait se poursuivre l'année prochaine.
Sur le plan clientèle, un progrès semble
avoir été réalisé vers la clientèle de résident, grâce aux démarches
publicitaires de Maï au Sud ainsi qu'aux échos positifs véhiculés par les
clients.
Je pense que si le contexte général ne se
dégrade pas au Cameroun, nous devrions faire mieux l'an prochain.
Il n'en reste pas moins que
l'exploitation est largement déficitaire et qu'il nous faudra réussir à faire
venir de vrais "touristes"; une clientèle spécifiquement venue
d'Europe, pour parvenir à une exploitation rentable et ce pari là sera le plus
difficile à gagner !
Le problème des "guides
accompagnants" reste entier. Il nous faudra vraiment apporter des réponses
aux exigences légitimes des clients qui souhaitent se faire accompagner dans le
parc par des personnels compétents capables de leur apporter de vrais
éclairages sur le parc et la faune. Au moins y a t il eu un début de prise de
conscience.
Je pense que pour une première saison et
à la lueur des difficultés rencontrées le bilan n'est pas trop mauvais. Mais
l'avenir reste très incertain.
Pour l'avenir j'attends beaucoup de
l'implication du Lamido, qui est le seul à mes yeux à même de pouvoir créer le
contexte indispensable à l'avenir du Parc, sur les plans administratifs,
sécuritaire etc.
A présent, le campement est bouclé et je
vaque à différentes tâches de fin de saison, bilan, mise à jour, analyses en
vue de préparer la saison prochaine.
D'ici là je pense que le blog et moi-même
nous mettrons quelques peu en vacances.
J'en souhaite autant à tous et vous donne
rendez vous la saison prochaine.