Cours d'informatique à Boubandjida !

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Encore une quinzaine de passée ! A présent les pluies sont là, et s'il à déjà beaucoup plu de ci de là, le campement a été plutôt épargné. Cela nous permet enfin de finaliser la piste de Léou qui me tenait à cœur; elle ferme un grand pan Est de la partie viable du parc et intègre 7400 ha à celle-ci. Reste à les protéger… Justement alors que nous nous occupions de suivre la niveleuse nous tombons sur une armada de pasteurs peuls avec de nombreux troupeaux. Il s'agit manifestement de ceux que j'ai vu quelques jours plus tôt d'ULM quelques km plus au nord… J'avais tenté de les refouler, mais manifestement ils n'ont cure de mes exploits aériens ! pas plus d'ailleurs que de la niveleuse qui en travaillant à proximité ne les effraie même pas. Il s'agit de la tribu des Hanagamba originaire du Tchad voisin, réputée être particulièrement belliqueuse et qu'on pense être liée aux coupeurs de route. Nous nous approchons d'eux, ouvertement, en arme. Ils ne fuient pas jusqu'à ce que nous soyons à quelques dizaines de mètres. Là tout se met en branle, doucement d'abord, puis plus vite. Les femmes, les enfants, les hommes, les troupeaux. La maîtrise de ces bergers sur leur bête est impressionnante… les installations sont abandonnées… Pour finir nous réussissons à interpeller un homme resté en arrière, qui prétend qu'ils ont sept troupeaux. D'après les cases abandonnées ils sont plutôt sept clans, ce qui est peut être la même chose, mais en tout cas il nous semble qu'il y a plus de mille bœufs, et encore ne cherchons nous pas à y voir de plus près car au cours de l'interpellation musclée se forme un arc de cercle de plus en plus proche et assez impressionnant, composé des hommes et des bœufs…. Je pense que la présence du blanc est décisive… ça aurait certainement mal tourné si je n'avais pas été là …

Pendant deux jours le groupe de Peuls reste sur place, pour finalement disparaître ; je ne le retrouve pas lors d'un vol de contrôle effectué trois jours plus tard. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient très loin. Notre captif est remis au Lamido qui tâchera d'en savoir plus et pourra le renvoyer prévenir ses frères qu'à l'avenir ils sont priés d'aller paître ailleurs. Je fais ce dernier vol avec "Commandant" qui bien que très intimidé ne semble pas très impressionné et identifie parfaitement le terrain. Inutile de dire sa fierté, et elle est méritée. Les premières réunions de "sensibilisation" (j'exècre ce terme,) se sont superbement déroulé et les images rapportées par Yérima sont un vrai régal : Assistance nombreuse, intérêt réel, encouragement sincères de quelques vieux et autorités, tous surpris de ne pas voir d'officiel ou de blanc dans le cortège et de s'entendre adresser la parole par des gens de chez eux, des leurs… Questions réponses très pertinentes, très difficiles quelquefois, et réelle motivation de mes gars qui sont extrêmement fier de leur action. Moi aussi. Je vois "Commandant" en extase, il ne comprend pas tout, mais il voit - enfin - des gens comme lui, s'impliquer pour que ça bouge ! La première aura été mémorable : ma voiture ayant été réquisitionnée pour remplacer celle en panne de clients imprévus et en perdition, il ne me reste qu'à envoyer l'équipe au village distant de près de 150 km en …camion ! départ à 4 heures du matin; toute la nuit l'orage menace , pour éclater à 4 heure 10… après une telle entrée en matière, plus rien ne pouvait plus les effrayer ! La première séance rassemble plus de 200 personnes, et il apparaît clairement que les villageois sont sensibles au ton adopté, qu'en réalité ils sont conscients de la gravité de la situation mais devant le laxisme généralisé qui dure depuis des lustres, ils laissent faire … Edouard lit le petit texte préparé en français, qu'Alexandre traduit en fulfuldé avec le ton qui convient. Tous enfants du pays, leur discours est compris, bien mieux que celui des "étrangers" qui des villes viennent avec leurs mots savants assener doctement des vérités que pas grand monde ne comprend. La séance est filmée par Yérima, qui se montre très pro. Elle nous permet un débriefing auquel le conservateur participe. Il apporte quelques conseils, notamment sur le vocabulaire en fulfuldé, et incite les intervenants à éluder toutes les questions "administratives" afin de ne pas empiéter sur le rôle de l'administration, ce qui pourrait nous valoir quelques déboires. En réalité nous avons axé toute l'intervention sur le constat que le patrimoine de tous est en perdition et que eux, les jeunes, ne veulent pas le voir disparaître…A l'appui quelques images choc de notre quotidien en brousse, animaux perdus, câblés, morts, empoisonnés, mares empoisonnées etc. Ces dernières en particulier suscitent de nombreuses réactions de colère… Bref un franc succès à nos yeux à tous, bien au delà de mes espérances….

Ce début mai a aussi été le démarrage des séances de formation initiées en collaboration avec "planète urgence". Une première volontaire, Fabienne, est arrivée pour initier quelques personnes à l'informatique dans le but de permettre de nous aider à saisir les données de suivi écologique que nous récoltons au cours de nos patrouilles… nous choisissons les plus capables des personnels, conscient qu'au final seul quelques uns pourrons aller plus loin. Ca pique les yeux de tout le monde, c'est difficile pour tous, voire très difficile pour certains, mais ils sont motivés et ça dépoussière sérieusement les habitudes de Boubandjida... On verra où cela nous mènera… J'avais sollicité plusieurs interventions de l'association, mais pour l'heure seule la formation informatique a suscité de l'intérêt… peut être l'an prochain?

En matière de clientèle, il semble que là, ce soit la fin de la saison… Peut être un sursaut pour le 20 mai, fête nationale du Cameroun ??

programme de fin de saison...

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