Un long silence
Un long silence… qui traduit
l'effervescence des dernières semaines et qui me laisse en ce début d'année
éreinté !
Les derniers jours précédents les fêtes
ont été exténuants… pour nous permettre de recevoir dignement notre premier
arrivage de clients. Au final la fête de Noël était parfaitement réussie, avec
beaucoup de monde. Au menu, foie gras, feuilleté d'escargots, gigot de cobe et
poire au vin.
Tout le monde était très content semble-t-il.
En brousse les clients ont été nombreux à voir les lions, un couple et 8 petits
notamment, plusieurs fois observés en
des endroits différents. Un peu moins de succès pour les autres animaux, les
brûlages encore trop récents les ayant gardés un peu à l'écart
A nouvel an un peu moins de monde pour
nous tenir compagnie mais le tout dans une ambiance très sympathique.
Dans le même temps nous continuions
l'ouverture sommaire des pistes avec le
camion qui en un mois a pris 10 ans !
Mais le résultat est là : d'ores et
déjà l'essentiel du réseau de piste est praticable, dans des conditions parfois
difficiles il est vrai, mais ce n'est que dans l'attente de notre niveleuse.
J'ai ainsi fait rouvrir des pistes qui
n'étaient plus pratiquées depuis des années, certaines depuis plus de 20 ans!
Hélas le constat n'est guère surprenant :
en ces endroits reculés la faune est décimée et il faudra du temps, s'il nous
est donné, pour revoir des populations dignes de ce nom en périphérie du noyau
sain du parc. Qu'on en juge plutôt : le 29 décembre au cours d'une patrouille
d'une demi journée nous avons débusqué 16 personnes en 16, 5 km
Ce triste bilan en cette veille de fête
est compensé par une belle récompense: en l'absence du conservateur, je décide
de transférer les braconniers au sultan
ou Lamido de Rey Bouba. Ce chef traditionnel encore très respecté dans son fief
vient d'être nommé à la suite de son frère et de son père, successivement
décédés au cours des trois dernières années. Encore jeune et dynamique il
entend redorer le blason et les traditions de son Lamida, dont le parc fait
plus que partie, puisque Bouba N'JIDAH n'est autre que le nom de son arrière
grand père qui chassait alors sur ces terres.
Le sultan me fait appeler aussitôt et me prie de lui laisser mon véhicule
pour faire arrêter les acolytes de nos deux captifs, ce à quoi j'acquiesce sans
hésiter. Accompagné de deux "dogari", ses représentants, mon véhicule
se rend dans les villages concernés en quête des fugitifs. Faute de les trouver
sur place le téléphone "arabe" ayant certainement prouvé son
efficacité, les dogari appréhendent les chefs de village et les déférent devant
le lamido….
Je n'ai pas encore le fin mot de
l'histoire qui fait grand bruit dans le secteur et j'en suis très heureux !
La réaction du Lamido est certainement
plus efficace que mes pauvres patrouilles et coûte bien moins cher en sueur et
en moyens ! S'il renouvelle deux trois fois le scénario, nous aurons marqué un
point essentiel. Je me félicite de cette attitude qui laisse augurer des jours
meilleurs pour la faune du parc.