Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
journal du parc national de Boubandjida
Newsletter
journal du parc national de Boubandjida
  • Paul Bour présente la vie du parc de Boubandjida au Cameroun (Afrique) : faune, anti-braconnage, protection de l’environnement, écotourisme, observation en U.L.M., safari-photo, ornithologie, pêche, projets de conservation, réintroduction d’espèces.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
21 janvier 2007

Un long silence

Un long silence… qui traduit l'effervescence des dernières semaines et qui me laisse en ce début d'année éreinté !

Les derniers jours précédents les fêtes ont été exténuants… pour nous permettre de recevoir dignement notre premier arrivage de clients. Au final la fête de Noël était parfaitement réussie, avec beaucoup de monde. Au menu, foie gras, feuilleté d'escargots, gigot de cobe et poire au vin.

Tout le monde était très content semble-t-il. En brousse les clients ont été nombreux à voir les lions, un couple et 8 petits notamment, plusieurs fois observés en des endroits différents. Un peu moins de succès pour les autres animaux, les brûlages encore trop récents les ayant gardés un peu à l'écart

A nouvel an un peu moins de monde pour nous tenir compagnie mais le tout dans une ambiance très sympathique.

Dans le même temps nous continuions l'ouverture sommaire des pistes avec le camion qui en un mois a pris 10 ans !

Mais le résultat est là : d'ores et déjà l'essentiel du réseau de piste est praticable, dans des conditions parfois difficiles il est vrai, mais ce n'est que dans l'attente de notre niveleuse.

J'ai ainsi fait rouvrir des pistes qui n'étaient plus pratiquées depuis des années, certaines depuis plus de 20 ans!

Hélas le constat n'est guère surprenant : en ces endroits reculés la faune est décimée et il faudra du temps, s'il nous est donné, pour revoir des populations dignes de ce nom en périphérie du noyau sain du parc. Qu'on en juge plutôt : le 29 décembre au cours d'une patrouille d'une demi journée nous avons débusqué 16 personnes en 16,

5 km

de parcours ! Deux personnes et trois armes ont été saisies, ainsi que la viande d'un buffle mâle magnifique, fraîchement abattu, ainsi que celle de deux cobes des roseaux et d'un cobe Defassa, tous trois femelles. Les personnes appréhendées ont fait état de 2 autres armes qui nous ont échappé. Le lendemain nous retrouvions un éléphant braconné pour l'ivoire mort quelques jours plus tôt dans le nord du parc où personne ne se rend plus depuis des années et où j'ai créé une nouvelle piste destinée à rendre accessible le superbe cours d'eau de Mayo Sénaroua, l'une des deux seules eaux vives permanentes du parc dont je veux faire une destination de pêche et que je voudrais voir devenir rapidement la nouvelle limite de sécurité nord du parc. Les animaux y revenant en saison humide, il serait possible de le rendre à la vie assez rapidement je crois, et les ombrages de la forêt galerie qui borde cette jolie rivière en font une destination rêvée pour promenades et pique-niques ou bivouacs futurs.

Ce triste bilan en cette veille de fête est compensé par une belle récompense: en l'absence du conservateur, je décide de transférer les braconniers au sultan ou Lamido de Rey Bouba. Ce chef traditionnel encore très respecté dans son fief vient d'être nommé à la suite de son frère et de son père, successivement décédés au cours des trois dernières années. Encore jeune et dynamique il entend redorer le blason et les traditions de son Lamida, dont le parc fait plus que partie, puisque Bouba N'JIDAH n'est autre que le nom de son arrière grand père qui chassait alors sur ces terres.

Le sultan me fait appeler aussitôt et me prie de lui laisser mon véhicule pour faire arrêter les acolytes de nos deux captifs, ce à quoi j'acquiesce sans hésiter. Accompagné de deux "dogari", ses représentants, mon véhicule se rend dans les villages concernés en quête des fugitifs. Faute de les trouver sur place le téléphone "arabe" ayant certainement prouvé son efficacité, les dogari appréhendent les chefs de village et les déférent devant le lamido….

Je n'ai pas encore le fin mot de l'histoire qui fait grand bruit dans le secteur et j'en suis très heureux !

La réaction du Lamido est certainement plus efficace que mes pauvres patrouilles et coûte bien moins cher en sueur et en moyens ! S'il renouvelle deux trois fois le scénario, nous aurons marqué un point essentiel. Je me félicite de cette attitude qui laisse augurer des jours meilleurs pour la faune du parc.

 

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Catégories
Publicité